mercredi, janvier 19, 2005

Mariée de force

Extrait du Livre "Mariée de force" Leila
Pour la première fois, une femme témoigne.
Editions "Jai lu"
Marocaines, beurettes ou françaises, les filles sont des proies. Les clandestins disent qu'il est plus facile d'attaquer une française. C'est une économie d'abord! Il n'y a pas d'histoire de dot ni de dépenses pharaonique pour le mariage.
Jouer à l'amoureux transi, c'est très facile. Ils sont forts pour ça, un tour de charme et la fille y croit, alors que le garçon se sert d'elle et de ses sentiments pour obtenir ce qu'il veut.

"Sylvie, réfléchis, tu le connais depuis deux mois, il t'a accostée dans la rue, tu ne le vois que dans les cafés, c'est un clandestin!
- Non! Il est étudiant, il sera ingénieur! Il a une carte de séjour!"
On les connaît les étudiants qui seront ingénieurs.
Soit la carte de séjour est fausse, soit il est effectivement étudiant, mais sa carte arrive en fin de compteur. C'était le cas du garçon. Il était beau, grand, mince, tout sourire, et la jeune fille sans séduction particulière. Sa famille était inquiète, son frère surtout, car manifestement elle était en train de se faire embarquer.
"C'est l'amour de ma vie, Leila, mes parents ne comprennent pas. Il a eu le coup de foudre, il voudrait qu'on se marie".
Je me suis mise en colère.
"Un mec inconnu te drague dans la rue en plein Paris, il t'invite à boire un café, il te retourne la cervelle, alors que tu n'attends qu'une chose, c'est qu'on tombe amoureux de toi? Je te jure, sur la tête de mon fils, qu'il va te demander en mariage avant l'expiration de sa carte de séjour.
- Mais non, mais non.
- Mais si! Ce gars t'a repérée, il a bien vu que tu rêves au grand amour! Si tu l'épouses, il va faire ses papiers d'identité en vitesse et se barrer ou alors t'emmener au bled et te mener une vie d'enfer jusqu'à ce que ce soit toi qui demandes le divorce.
- Mais non, c'est pas parce que tu as vécu une histoire terrible qu'il faut généraliser."
Les Français pensent à la française, pas en arabe.
Mais en tant que fille rebeu, née en France, je pense dans les deux langues. L'histoire de ma copine s'est terminée comme je l'avais dit: mariage avant l'expiration de la carte de séjour. Il lui avait aussi promis un grand mariage en Algérie, qu'elle attend toujours.
Elle ne parlait plus guère d'amour après ça. Pourtant personne ne l' avait obligée, ses parents l'aiment, elle n'avait pas vécu comme moi, elle voulait seulement qu'on l'aime. Comme tout le monde.

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