dimanche, janvier 07, 2018

L'Europe en enfer - Ian Kershaw

  • Ian Kershaw relate l'explosion du nationalisme ethnique, la virulence des révisionnismes territoriaux, l'acuité des conflits de classe et la crise prolongée du capitalisme.
  • Dans les premières années du XXème siècle, par exemple, les grèves, les émeutes et les insurrections sporadiques contre le pouvoir de l'Etat et la "domination bourgeoise" se multiplièrent en Catalogne et au Pays basque.
  • La Psychologie des foules, selon laquelle la rationalité disparaissait dès que l'individu était sujet aux pulsions irrationnelles et émotionnelles de la foule. 
  • Militairement, l'Allemagne était pour ainsi dire finie, sans que la population eût conscience de l'imminence de la défaite, puisque la propagande lui avait dissimulé le pire, clamant qu'il n'y aurait de paix qu'après la victoire.
  • L'Etat polonais naissant était tout sauf une nation unifiée.
  • En 1915, quand les Russes se retirèrent de Pologne orientale et de Lituanie, pratiquant la politique de la "terre brûlée", ils avaient déporté à l'intérieur de la Russie au moins 300 000 Lituaniens, 250 000 Lettons, 350 000 Juifs (notoirement maltraités) et 743 000 Polonais.
  • Léon Trotski, organisateur de talent doublé d'un démagogue prônant la révolution permanente.
  • Dans l'Allemagne impériale, les partis politiques de la totalité du spectre étaient représentés au Reichstag, mais les décisions ne leur appartenaient pas. Le pouvoir se trouvait dans les mains du Kaiser, des ministres et des chefs militaires qu'il désignait.
  • 3,5 millions de Hongrois se retrouvèrent hors de leur pays, pour beaucoup dans des territoires cédés à la Roumanie, tandis que 3 millions d'Allemands se retrouvèrent en Tschécoslovaquie.
  • L'Allemagne de Weimar, quelles que soient ses difficultés politiques, et Berlin tout spécialement, connurent en quelques années une extraordinaire efflorescence de la créativité culturelle et intellectuelle d'avant-garde qui a eu peu de précédents dans l'histoire.
  • La disjonction entre avant-garde et culture populaire est commune à la plupart des sociétés.
  • En Irlande du Sud, reposant sur un catholicisme enraciné et une hostilité générale envers la Grande-Bretagne.
  • Comme ailleurs, les frontières entre l'extrême droite et la droite conservatrice étaient flottantes.
  • A la différence de la Grande-Bretagne, de la France et des autres pays du Nord-Ouest, la nationalité allemande se définissait par l'appartenance ethnique et non par le territoire.
  • La colère visant tous ceux que les paysans tenaient pour responsables de leur triste sort - Etat, bureaucrates, citadins, exploiteurs financiers, étrangers, Juifs - enfla dans la France rurale et dans maintes régions de l'Europe, nourrissant le radicalisme de l'extrême droite.
  • Le Meilleur des mondes (Brave New World), qui décrit un société dont la stabilité repose sur le génie biologique et le conditionnement mental au service d'une utilité sociale et économique maximale, Aldous Huxley présentait l'eugénisme comme un moyen de contrôle politique.
  • Les gens projetaient sur Hitler leurs croyances, leurs souhaits et leurs désirs, et lui les intégrait dans une vision de renaissance nationale.
  • "L'expérience apprend, dit Gletkin, que l'on doit donner aux masses une explication simple et facilement intelligible de tous les phénomènes utiles et complexes. Selon ce que je connais de l'histoire, je vois que l'humanité ne saurait se passer de boucs émissaires". Arthur Koestler, Le Zéro et l'Infini (1940).
  • Les régimes dictatoriaux affirmaient invariablement représenter "la nation" ou "le peuple", incarner la souveraineté populaire et agir dans l'intérêt national.
  • Alors que les nationalistes de toutes tendances s'adressaient à tous les éléments de la société, la gauche, aussi bien socialiste que communiste, s'attachait en premier lieu à servir les intérèts d'un groupe social particulier, la classe ouvrière.
  • Les législatives de 1936 semblèrent marquer le triomphe de l'anti-fascisme, une inversion de la tendance qui , depuis des années, poussait l'Europe vers l'extrême droite militante.
  • Le Front populaire, réunissant socialistes, communistes et radicaux, avait remporté une large victoire avec 376 sièges,loin devant les 222 sièges du Front national de droite.
  • L'exportation d'instruments de précision aida l'effort de guerre allemand. Les banques suisses détenaient de grosses quantités d'or allemand, souvent pillé dans les pays occupés et servant à acheter à d'autres pays neutres des matières premières indispensables. Le pays accueillit, pas toujours de bon gré, plusieurs centaines de milliers de militaires et de réfugiés civils. Mais il en refoula aussi beaucoup d'autres, dont plus du tiers des réfugiés juifs fuyant la persécution nazie.
  • Comme la Suisse, la Suède fournit aux Alliés des renseignements importants.
  • L'un des principales figures de la collaboration fut Pierre Laval, vice-président du Conseil dans le gouvernement de Vichy, homme pragmatique et manipulateur qui déclara publiquement souhaiter "la victoire de l'Allemagne parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s'installerait partout".
  • Les Allemands se rendaient généralement compte, même s'ils le refoulaient consciemment dans une conspiration du silence, que les leurs avaient commis des crimes terribles à l'Est, en particulier contre les Juifs. Peu en savaient les détails, mais de nombreux indices font état d'une connaissance largement partagée du sort des Juifs.
  • En quête de boucs émissaires, convaincus d'être victimes, les Allemands traumatisés oubliaient qu'ils avaient été des millions à applaudir les succès de la Wehrmacht, alors même que d'innombrables Européens sous le joug nazi souffraient de pénuries et d'esclavage, de mort et de destruction.
  • Le géant de la chimie IG Farben avait déjà vu ses profits monter en flèche avec les commandes du plan de quatre ans, et la conquête allemande laissait entrevoir des perspectives alléchantes.
  • Après la Première Guerre mondiale, le morcellement d'un continent plus que jamais dominé par les Etats-nations (souvent animé par un nationalisme extrème) et l'instauration - surtout en Russie, en Italie et en Allemagne - de régimes aux modèles économiques tout à fait différents (et incompatibles) eurent tendance à séparer les pays les uns des autres.
  • En 1910, l'espérance de vie était d'environ 55 ans en Europe de l'Ouest et du Nord, autour de 37 ans en Russie et moins de 35 ans en Turquie.
  • L'épidémie de grippe à la fin de la première guerre mondiale avait causé bien plus de morts que les armes. 
  • Aucun catholique n'avait le droit de jouer dans le club de football des Ranges de Glasgow, aucun protestant chez leurs rivaux voisins du Celtic.
  • L'échec de la dénazification tenait aussi au sentiment populaire, confirmé par plusieurs enquêtes d'opinion, que le national-socialisme avait été une bonne idée, mal appliquée, et en tout cas préférable au communisme. 
  • La Grande-Bretagne, observa de son côté Georges Marshall, voulait "profiter pleinement du programme européen...tout en s'obstinant à ne pas être un pays complètement européen".



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