mercredi, février 07, 2024

Petite Philosophie des algorithmes sournois - Luc de Brabandere

 

  • Ils imaginent utiliser la plus grande machine du monde pour précisément changer le monde. Libertariens convaincus, ils trouveraient plus efficace de supprimer l'Etat et de le remplacer par, devinez quoi, des algorithmes.
  • Too big to be judged.
  • Too big to be managed.
  • Il ne leur sera jamais possible de savoir avec certitude s'ils ont fait les meilleurs choix.
  • Internet n'est plus vraiment un espace public, ce sont quelques propriétés privées.
  • Vous avez commandé un livre, ils vous en suggèrent un deuxième sur le même sujet.
  • Les algorithmes caressent les internautes dans le sens du clic.
  • Souvent, nous avons l'illusion de connaître parce que nous sommes sûrs de pouvoir trouver quelqu'un qui connaît.
  • Pour Schopenhauer, "toute vérité franchit trois étapes : d'abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant été toujours une évidence".
  • Quand un fait est vrai, on le qualifie d'"avéré".
  • L'idée est rendue vraie par les évènements.
  • La vérité est la marque d'une idée qui a résisté. Ce sont les épreuves qui font office de preuves.
  • "Tu ne vois pas le monde tel qu'il est, tu le vois tel que tu es"
  • "Je pense, donc je suis"
  • Le socle commun des références partagées s'estompe.
  • Il est donc impossible de réfuter une croyance par un dialogue contradictoire.
  • Paul Valery : "Le mélange de vrai et de faux est énormément plus toxique que le faux pur".
  • "Ecris ta critique du livre avant de le lire, sinon tu pourrais te laisser influencer..."
  • Internet diffuse des fake news à la pelle.
  • Pour certains, c'est la mesure même qui définit la grandeur, pour d'autres la grandeur existe indépendamment de la mesure ...
  • Il n'est pas nécessaire de connaître le diamètre du soleil, mais il faut se souvenir qu'il ne pourrait pas passer entre la Terre et la Lune.
  • Descartes dans "Les Passions de l'âme" parues en 1649. Le message du philosophe français était clair : la raison ne doit surtout pas se laisser perturber par les émotions dont elle n'a pas besoin pour fonctionner. Les émotions ont alors été considérées comme un obstacle à la pensée rationnelle, un peu comme si on avait affaire à deux processus oeuvrant en sens contraire.
  • Antonio Damasio. Sa thèse est simple : sans les émotions, nous raisonnons moins bien !
  • Six émotions de base sont innées et universelles. Elles comprennent la joie et la tristesse, la colère et la peur, mais aussi la surprise et le dégoût.
  • Parmi ces émotions "acquises" et plus sophistiquées qu'on appelle plutôt "humeurs", on trouve la honte, la culpabilité, la gaieté, la gêne et la fierté, ou encore l'envie et la jalousie.
  • Le moindre achat, le moindre investissement inclut nécessairement une part émotionnelle.
  • "Experimental evidence of massive-scale emotional contagion through social networks".
  • En manipulant, à leur insu, les fils d'actualité de centaines de milliers de personnes devenues sans le savoir des rats de laboratoire virtuel, les chercheurs de Facebook se sont rendu compte qu'ils pouvaient rendre les gens plus joyeux ou plus tristes.
  • Pour un électeur identifié comme inquiet quant à l'avenir, un message parlant de l'immigration a plus de chances d'avoir de l'effet.
  • Homo sapiens sait qu'il pense, autrement dit, il dispose d'une conscience.
  • Certains alchimistes de la Silicon Valley ont rajouté un troisième point à leur agenda : la suppression des gouvernements, tout simplement. 
  • Libertarien, autrement dit un individu profondément convaincu que des algorithmes seraient plus adéquats pour gérer un pays et ses institutions que n'importe quelle assemblée d'hommes et de femmes.
  • On oublie que parmi les manques de l'ordinateur, le plus important est son absence de conscience.
  • La raison d'être d'un outil numérique est de pouvoir amplifier les gestes intellectuels, parfois de manière impressionnante. Mais cela ne change rien son statut d'objet technique.
  • Prenez l'intelligence humaine. Et enlevez-lui la capacité de discerner le bien du mal, le sens de l'humour, le doute, l'intuition, la conscience de ce qu'elle fait, l'intention, les oublis, les états d'âme, le soucis esthétique, la volonté, la joie de trouver et la tristesse d'échouer, la capacité à écouter l'autre, à lâcher prise, à surmonter les paradoxes ou à trouver des analogies inédites. Si vous retirez tout cela à l'intelligence humaine, il ne restera pas grand-chose. C'est pour ce "pas grand-chose" qu'une intelligence artificielle est utile.
  • Dès le plus jeune age, un enfant actionne donc les trois manières de réfléchir qui l'accompagneront la vie entière : la pensée logique, la pensée créative et la pensée critique.
  • Le savoir s'accumule et se solidifie au détriment de la liberté de penser.
  • L'enjeu est de leur apprendre à penser dans un monde qui devient digital.

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