dimanche, juin 05, 2022

Parcours de vignerons - Alain Graillot & Laure Gasparotto

 

  • On charriait la terre, on cassait les cailloux, on minait, on piochait, on creusait les fossés ! Et puis, on avait un cheval et l'écurie, et nous vivions tous ensemble dans une petite maison.
  • Il est salarié de son père sur une exploitation de seulement deux hectares. On retrouve le même raisonnement chez tous les vignerons de son époque : on ne s'endette pas, on ne doit rien à personne, mais on est chez soi.
  • Je n'ai jamais voulu arrêter la vigne malgré les difficultés. Je n'ai jamais aimé quitter mon "pays". Ce qui m'importe est d'avoir mes quatre enfants près de moi et qu'on soit bien.
  • Pour avoir une idée du labeur exigé, il suffit de comprendre qu'en une journée de pioche, un homme ne prépare que 37 à 38 pieds de vigne, sachant que dans les plantations traditionnelles de coteaux de Cornas, on en compte six à huit mille à l'hectare.
  • Tu vois, moi, j'ai toujours un échantillon dans la voiture, on ne sait jamais.
  • L'appellation Cornas compte environ cent trente hectares avec quatre-vingt-quinze pour cent en coteau et cinq pour cent en plaine.
  • Il embouteille lui-même six cents bouteilles pour une commercialisation directe.
  • Hors période de vendanges, le rituel du samedi est immuable : à l'aube, départ de la camionnette pour Paris, livraison des cavistes et des bars à vin, souvent avec descente à la cave, remontée des bouteilles vides dans le camion et retour à la Charmoise le soir.
  • Henry Marionnet n'a ni fait d'études poussées ni fréquenté les grandes écoles de commerce. Dans sa carrière, il a néanmoins démontré une certaine habileté à utiliser la presse et tous les moyens de communication modernes.
  • Avec tous les emprunts que j'ai sur le dos, il n'y a aucune chance pour que je puisse rembourser en vendant aux prix alors pratiqués. Il faut donc vendre plus cher, et pour pouvoir vendre plus cher, il faut faire meilleur.
  • Il est toujours plus facile d'incriminer le cépage plutôt que ses propres méthodes culturales productivistes.
  • J'avais créé en 1998 le Tour des vignerons qui, chaque année, au 1er mai, leur permet de se retrouver pour un peu de vélo et beaucoup d'agapes.
  • Jusqu'à présent, tous nos héros sont devenus des vignerons à part entière parce que cet objectif représentait leur idéal de vie. Le chemin a été difficile et les obstacles nombreux. De là à penser que la route est plus facile quand on naît dans une famille de vignerons et dans une région viticole, il y a un pas qu'il serait malvenu de franchir. 
  • La thermovinification pour Duboeuf.
  • C'était comme ça dans les années 1950. A cette époque, il n'y avait aucune chimie dans les vignes, qui étaient bien cultivées.
  • Et dire qu'en 1957, on ne savait pas ce qu'était une fermentation malolactique.
  • Moi, je n'ai jamais mis de potasse dans mes vignes, comme je n'ai jamais mis d'acide tartrique dans mes vins.
  • Il achète un cheval pour tous les travaux du sol et les sulfatages.
  • Jacques achète quelques vignes, avec pour objectif de ne plus travailler pour autrui.
  • En 1974, la chimie triomphe alors en Champagne : les vignes sont gavées d'engrais minéraux - et tous les trois ans, on y ajoute les fameuses boues de la ville de Paris !
  • Deux mondes se dessinent en Champagne : les maisons de négoce qui vendent relativement cher, en s'appuyant sur le marketing et la publicité, et les récoltants-manipulants, dont le public n'attend que les prix les plus bas possible, puisque leur marque ne fait pas autant rêver que les grandes maisons.
  • Aujourd'hui, le domaine de Selosse compte huit hectares quatre-vingts et produit une moyenne de cinquante-cinq mille bouteilles par an.
  • La meilleure illustration en est le nombre de jeunes viticulteurs qui ont trouvé le succès en suivant son modèle, avec d'un côté une viticulture saine et écologique, et de l'autre, en cave, une exigence qualitative et une rigueur intransigeante.
  • Il ne peut exister d'autre issue que de valoriser les bouteilles si l'on veut pérenniser les entreprises sur le vignoble d'une génération à l'autre.
  • Sa vison était que le grand vin se mesure dans son aptitude au vieillissement, que seul un sol vivant et non saturé d'azote peut y conduire, avec des rendements limités.
  • A la différence de la majeure partie des vignobles de France, celui du Médoc est très jeune. Bien plus que ceux de Bourgogne, du Rhône ou même de Gaillac qui ont été créées par le Romains, puis ont été souvent développés par et pour le clergé.
  • Jean-Charles en devient donc le régisseur, puis en 1933, le fermier dans des conditions qui illustrent bien la situation d'alors : aucun loyer, mais tous les frais sont à la charge du fermier !
  • L'année 1973 vient tout mettre à plat : le choc pétrolier fait bondir les taux d'intérêt qui passent de trois à plus de vingt pour cent.
  • L'inscription par l'UNESCO des climats de Bourgogne au patrimoine de l'humanité est un grand pas vers la prééminence du terroir sur la personnalité du vigneron.
  • Compte tenu de l'augmentation du prix des terres surtout, on va vers un monde où les vignerons bourguignons n'ont plus les moyens de posséder leur outil de travail.
  • Déjà ses objectifs de qualité prévalent : petits rendements, soins méticuleux du vignoble et recherche de la maturité idéale pour déterminer la date idéale des vendanges.
  • "L'enracinement est le premier besoin de l'âme." Simone Weil
  • Tous ont souhaité être vignerons, et élaborer du vin de qualité.
  • Ils ont toujours essayé de créer des vins de caractère, à l'image de leur terroir, et dans le respect dans leur environnement.
  • Rien n'est moins difficile que d'obtenir un vin sans soufre.
  • Il faut s'entourer d'un millier de précautions pour produire le vin le plus naturel possible.
  • Beaucoup de vignerons talentueux ont ainsi pris la décision de sortir de leurs appellations (ou y ont été contraints)
  • Je m'interroge sur l'extension de l'appellation Bourgogne au Chablisien ou au Beaujolais.
  • Crozes-hermitage plantée en 1973 : trois mille huit cents pieds à l'hectare.
  • En le privant de son nom de lieu d'origine, on coupe le vin de son histoire et de sa géographie, mais aussi de tout son contexte sociétal.
  • Quand Bordeaux s'est laissé entraîner sur le terrain de l'adversaire, la région a fourni des vins reproductibles partout dans le monde, des vins surextraits et surboisés avec des raisins surmûrs.
  • Il existe des bordeaux et des crus bourgeois à des prix très abordables et vraiment bons. Mais ils passent inaperçus en raison du formatage généralisé et du renoncement à la diversité. Trop de Bordeaux sont de tristes vins d'oenologues. Du coup, quand tout se ressemble, les meilleurs ont du mal à sortir du lot.
  • Parce qu'ils ont osé être pleinement en vie, c'est à dire prendre des risques, et devenir ce qu'ils étaient au fond. Mais c'est en se heurtant à la réalité et à la matière que nos vignerons entêtés ont pu se façonner eux-mêmes, chuter parfois et se relever, sans honte, pour faire correspondre leur vision d'origine à leurs actes, et ainsi réussir leur vie.
  • Glossaire :
    • Fermentation malolactique : si la fermentation dite alcoolique transforme le sucre en alcool grâce à des levures, il peut se produire ensuite une fermentation dite malolactique, qui transforme l'acide malique du vin en acide lactique, et ceci sous l'influence, cette fois, des bactéries. Toujours recherchée pour les vins rouges, car elle diminue l'acidité du vin, la fermentation malolactqiue n'est pas systématiquement envisagée pour les vins blancs, en fonction du style, de la région de production et du choix du vigneron.

2 commentaires:

Unknown a dit…

France MERLE dit :
Super intéressant ce livre des Frangines ! Respect pour nos ancêtres quand on sait que nous sommes la HUITIEME génération des MERLE viticulteurs, selon Jean-Jacques P., l'aîné de nos Cousins féru de généalogie.

dominique a dit…

merci